
28 de septembre de 2021
23.09.2021. « Le magazine qui veut vous emmener à la campagne. » C'est ainsi que se présente le sauvage « Salvaje », un magazine trimestriel qui existe depuis deux ans (depuis juillet 2019), qui cherche à porter un nouveau regard sur le monde rural. Avec une approche inductive – du microscopique au grand – Salvaje montre des histoires petites mais surprenantes qui révèlent de nouvelles choses et nous permettent de mieux connaître nos villes et nos zones rurales.
- Guillermo López, directeur du magazine "Salvaje", parle avec le RRN de la pandémie, de la jeunesse rurale, des projets ruraux, du télétravail, du financement participatif et de la nouvelle façon de se rapporter aux zones rurales.
Salvaje , né grâce à un projet de crowdfunding ou d'économie sociale collaborative, compte actuellement 2 500 abonnés et affronte sa troisième année d'existence avec le défi de continuer à élargir son lectorat, tout en récupérant la publicité perdue pendant la pandémie.
Réseau rural national : Y a-t-il une vie au-delà de la ville ?
Guillermo López : Oui, et aussi différent . Ce qui caractérise les zones rurales, c’est la variété des différents projets de vie que l’on peut embrasser et entreprendre. La campagne est une page blanche où l'on peut toujours repartir de zéro pour trouver son style de vie. En ville, en revanche, les chemins sont de plus en plus fréquentés et il est très difficile de s'y retrouver.
RRN : L’économie collaborative ouvre de nouvelles opportunités : crowdfunding, nomades numériques, coliving rural et coworking… Pensez-vous qu’il existe une nouvelle niche de marché pour le monde rural ?
GL : Oui, en fait, le magazine Salvaje est né précisément grâce au crowdfunding ou au sponsoring. Il faut chercher de nouvelles formules d’organisation socio-économique et d’associationnisme , surtout. Ces nouveaux modèles ne sont que la partie émergée de l’iceberg, mais ils sont nécessaires pour redonner au secteur primaire sa force originelle. Il faut de l’imagination pour créer de nouvelles choses qui permettent aux zones rurales de devenir plus fortes.
RRN : Pensez-vous que la pandémie a donné une nouvelle force aux zones rurales ? Les gens envisagent-ils de retourner au village et à la campagne ?
GL : La pandémie n’a pas duré assez longtemps pour qu’un nouveau modèle de relations entre zones rurales et urbaines prenne forme. Il n’y a pas eu de temps pour un changement de mentalité. Et si cela s’est produit, cela n’a pas été remarqué. Mais il a réussi à mettre en évidence la possibilité que le changement soit possible. Je pense que l’idée que nous pouvons améliorer notre qualité de vie globale a pris racine. Mais cela ne s’est pas encore concrétisé.
RRN : Quels sont les défis auxquels est confrontée aujourd’hui une petite entreprise dédiée au monde rural, en l’occurrence un magazine ?
GL : Dans notre cas, la survie économique. Nous sommes très satisfaits de nos 2 500 abonnés en deux ans, mais nous avons besoin de revenus publicitaires pour rentabiliser l'activité. Et la publicité a disparu pendant la pandémie. Espérons donc qu'avec ce retour à la normale, cette partie de la situation sera rétablie. Je pense que nous avons relevé d’autres défis importants, comme celui de trouver notre propre voix et des thèmes qui nous sont propres. Nous avons notre propre point de vue et une voix reconnaissable.
RRN : De quoi le milieu rural a-t-il besoin aujourd’hui pour occuper une place de choix ?
GL : Débarrassez-vous de vos complexes et croyez-y. Vous devez changer votre mentalité actuelle et prendre conscience de votre pouvoir. Une fois fait, il faut bien l'organiser pour gagner en force et en présence. Il faut davantage d’ associations pour revendiquer et faire respecter leurs droits et exercer une pression sur leurs intérêts.
RRN : Le télétravail est-il là pour durer ? Est-ce une manière de repeupler le monde rural ?
GL : Cela a fait les gros titres, mais cela s’estompe. En outre, les zones rurales ont non seulement besoin de connectivité numérique, mais surtout d’un accès aux services de base. La base de l’environnement rural est le secteur primaire et non le secteur des services. Un travailleur qui se déplace dans un village pour travailler, au-delà de la consommation de logements et de biens de première nécessité, n’a pas d’impact économique majeur sur le secteur dont dépend le monde rural : l’agriculture et l’élevage.
RRN : Enfin, quels conseils donneriez-vous aux jeunes des zones rurales ?
GL : Ils doivent être conscients que sans eux il n’y a pas d’avenir et qu’ils vivent dans un environnement avec beaucoup de potentiel . Ils doivent prendre les rênes et devenir les protagonistes de leur propre monde pour les décennies à venir.